La région méditerranéenne est sensible et de plus en plus vulnérable. Fréquemment touchée par des événements extrêmes, la demande sociétale y est forte. Cette demande porte sur une meilleure identification des zones à risques (zones inondables ou particulièrement sensibles aux incendies par exemple), des prévisions et une alerte plus précises dans la gestion des crises, ou encore le développement d’expertise et de systèmes intégrés de gestion de l’environnement dans les domaines de l’aménagement du territoire et du développement durable.
La Corse est située au sud du golfe de Gènes, zone la plus cyclogénétique du bassin méditerranéen occidental. Elle est régulièrement affectée par des tempêtes de vent, des précipitations intenses, de fortes houles érodant le littoral, des sécheresses, des incendies de forêt. Tous ces phénomènes sont cruciaux pour l’activité économique de la Corse.
Malgré des améliorations récentes des prévisions météorologiques opérationnelles, les modèles mathématiques de prévision du temps ont par exemple encore des difficultés à prévoir avec précision l’intensité et la distribution à moyenne et petite échelle des précipitations intenses. Les prévisionnistes ont en particulier des difficultés à prévoir ces phénomènes au dessus de la mer et à proximité de reliefs complexes comme cela est le cas en Corse. Outre l’intérêt de l’amélioration de la prévision locale, la Corse est également particulièrement bien placée pour l’observation et l’étude des phénomènes fortement précipitants affectant le sud-est de la France continentale et le nord de l’Italie. En effet, ces phénomènes météorologiques sont généralement caractérisés par des remontées de masses d’air dans les basses couches en provenance du sud. Leur observation en amont, c’est-à-dire plus au sud, permet à la Corse de jouer un rôle de « sentinelle » pour ces événements.
De plus, à cause de la présence de nombreux types d’aérosols au dessus de la région méditerranéenne, (particules de poussières minérales provenant principalement du désert saharien, aérosols anthropogéniques dus aux activités industrielles et urbaines, aérosols dus au brûlage de la biomasse provenant des incendies de forêt et aérosols marins), les particules atmosphériques ont certainement un impact significatif sur le bilan radiatif de cette région, sur le climat régional et sur le cycle hydrologique du bassin méditerranéen. En parallèle et en raison des flux importants de dépôt des poussières désertiques et des aérosols anthropogéniques, les apports atmosphériques impactent les cycles marins de plusieurs éléments chimiques en mer Méditerranée.
En outre, bien que les fortes valeurs d’ozone et de concentration en aérosols pendant la période estivale influencent de manière sensible la qualité de l’air du bassin méditerranéen, les observations permanentes de gaz et d’aérosols dans la troposphère sont très clairsemées dans l’espace et le temps au dessus du bassin méditerranéen occidental. Un observatoire en Corse présente un grand intérêt pour aborder les différentes questions relatives à l’impact des gaz et des aérosols sur la qualité de l’air de cette région. Dans ce cadre, le Cap Corse est un site idéal pour réaliser de telles mesures avec un minimum d’émissions anthropogéniques locales. Ainsi, il est possible d’étudier le transport de masses d’airs polluées sur cette région et de répondre à la question de l’origine de la pollution mesurée dans les villes (principalement Ajaccio et Bastia) : est elle d’origine locale ou provient elle du continent ?